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Artiste(s) : JORDAENS Jacob
École :
Titre : L'Arrestation du Christ
Domaine(s) :
Désignation : tableau
Sujet représenté :
Source :
Datation :
Techniques : peinture à l'huile, toile
Mesures : H. 293, l. 277
Historique : Il s'agit d'une des plus intéressantes créations de l'artiste à une époque où son style se relâche incontestablement, c'est à dire dès les années cinquante. Comme l'ont bien montré d'Hulst et Jaffé les oeuvres de grandes dimensions se succèdent alors sans interruption et Jordaens fait de plus en plus appel à son atelier ou utilise des schémas de composition préexistants. Cette pratique prend de telles proportions que certaines oeuvres se présentent comme de véritables pots-pourris, pour reprendre l'expression imagée de d'Hulst. Certes notre Arrestation n'est pas exempte de ces emprunts à des oeuvres antérieures, et la citation la plus importante est sans doute le personnage couché sur le flanc, jambes et bras en l'air, au tout premier plan. On retrouve cette figure, et au même endroit, dans la tapisserie Alexandre blessé à la bataille d'Issus datée des années 1620 par M. Jaffé. Ce personnage gesticulant et à la renverse, sorte d'emblème de la frayeur, se retrouve aussi dans l'Arrestation de Cleveland qui constitue bien entendu la grande oeuvre peinte de référence de notre tableau. Un autre rapprochement s'impose, avec le Jésus chassant les marchands du temple (Louvre, v. 1645-1650);on retrouve dans le tableau de Valenciennes ce même personnage accroupi, vu de dos, au tout premier plan et vers la gauche. Il est à nouveau présent dans une autre version du thème, conservé au Service néerlandais du Mobilier national à La Haye, cette figure est encore plus proche de celle du tableau de Valenciennes. Rien d'étonnant puisque les deux oeuvres sont contemporaines, le tableau de La Haye étant daté par M. Jaffé d'environ 1657. La radiographie a permis de révéler plusieurs repentirs : dans les membres des personnages jetés à terre, au premier plan et surtout dans le visage du Christ, originellement tourné vers l'homme en armure tenant une lanterne. Ces reprises, ces modifications en cours d'exécution prouvent bien que nous sommes en présence d'une oeuvre originale peinte par Jordaens avec toute la spontanéité et la vivacité qui lui sont propres. L'un des grands mérites de cette oeuvre est de prouver que Jordaens parvenu à sa maturité, riche d'une longue et fructueuse carrière, sait éviter les pièges de l'éclectisme. Dans une composition simplifiée, notamment par rapport à la version de Cleveland, il nous livre sa propre méditation sur cet épisode de la Passion du Christ. Le tableau de Valenciennes apparaît comme l'ultime version d'un thème plusieurs fois représenté. Mais Jordaens n'est pas le seul des peintres majeurs anversois à traiter à plusieurs reprises ce sujet éminemment pittoresque, Van Dyck l'aborde au moins une dizaine de fois dans des techniques diverses. Rubens, quant à lui, ne l'évoque qu'une seule fois dans un panneau du musée Boymans-van Beuningen de Rotterdam, il s'agit probablement d'une oeuvre de jeunesse marquée par la culture italienne. On a souvent remarqué la tendance classique des oeuvres de la dernière période de l'artiste. Elle s'impose ici avec cette composition frontale, comme si souvent chez ce peintre;l'impression de mouvement, de multitude, n'est pas un effet de perspective ou de profondeur, mais plutôt le résultat d'une accumulation, d'un entassement parfaitement mis en valeur par la figure calme et statique du Christ, contrepoint saisissant à la foule jetée à terre. Ceparti, assez radical, s'apparente à une démarche de type classique par sa volonté de rigueur explicite et de clarté dans l'expression.. Comme toujours chez Jordaens les références s'ajoutent les unes aux autres, et c'est vers des maîtres plus anciens que l'artiste se tourne lorsqu'il réfléchit à la composition de ce grand tableau. C'est dans des oeuvres du siècle précédent le sien qu'il a pu rencontrer cette image d'un Christ apaisé et dominateur. N'ayant jamais quitté les Pays-Bas, Jordaens connaissait moins bien l'art italien et notamment le grand décor, par contre il avait un accès très facile à l'art des pays du Nord diffusé par les gravures et les dessins. Cette peinture puissante et personnelle est à mettre au crédit de la force créatrice d'un artiste que l'on a souvent jugé décadent et répétitif à partir du seuil des années 1650. La grande exposition organisée en 1993 par le musée d'Anvers montrait en effet une dernière période non exempte de lourdeurs et d'ennuis où le vieux maître fatigué manquait d'inspiration. La redécouverte de l'Arrestation de Valenciennes régénérée par une brillante restauration, doit permettre de réévaluer l'art d'un Jordaens qui règne alors sans rival à Anvers mais qui est aussi capable, au soir de sa vie, de se renouveler et de nous surprendre. Patrick RAMADE
Conservé à : Valenciennes ; musée des Beaux-Arts
Copyright notice : © Direction des musées de France
Crédits photographiques : © Claude Thériez

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Source : Wikipédia