Historique : |
pour le concours de 1830 destiné à décorer le mur, derrière le bureau du Président, de la salle des séances de l'Assemblée Nationale;autre élément également conservé au musée : Boissy-d'Anglas saluant la tête du député Féraud (P.46.1.77). Le 25 octobre 1830, le ministre de l'intérieur, Guizot, organise un concours pour l'exécution de trois tableaux destinés à décorer la Salle des séances de la Chambre des Députés. Au centre devait figurer Louis-Philippe prêtant serment à la Charte constitutionnelle le 9 août 1830, et, de chaque côté, La séance de l'Assemblée constituante le 23 juin 1 789 au moment où Mirabeau répond au Maître des cérémonies qui prie l'Assemblée de se séparer : Allez dire à votre maître que nous sommes ici par l'ordre du peuple et nous n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes, et Boissy dAnglas, président de la Convention nationale, saluant la tête du député Féraud que les révoltés du 1er prairial an III [mai 1795] lui présentent en le menaçant. Ces trois tableaux, qui devaient être placés derrière le bureau du président, c'est-à-dire face aux députés, devaient être une leçon pour les représentants du peuple. Faire figurer Louis-Philippe, accomplissant l'acte fondateur du régime de Juillet, entre Mirabeau et Boissy d'Anglas était faire du roi des Français l'héritier de la Révolution. D'autre part, ces deux événements de la Révolution française symbolisaient les pouvoirs et les devoirs des députés. Ils devaient montrer, selon Guizot, la résistance au despotisme [Mirabeau] et la résistance à la sédition [Boissy d'Anglas] qui déterminent les limites et les devoirs d'un député. Les trois sujets devaient être jugés séparément. Il y eut 26 concurrents pour Le serment de LouisPhilippe, 38 pour Mirabeau et 53 pour Boissy d'Anglas. Le jugement se fit en deux temps pour éliminer tout de suite les esquisses les plus faibles ainsi que celles qui ne correspondaient pas au programme. Les deux esquisses d'Auvray furent éliminées dès la présélection, très probablement parce qu'elles ne correspondaient pas à l'esprit du programme. Après l'échec au concours, ces deux esquisses furent acquises par la ville qui avait autrefois patronné le jeune Auvray : les administrateurs de l'Académie de Valenciennes ont voté l'achat, pour le musée de deux esquisses de M. Auvray, leur compatriote, qui ont été exposées au mois de septembre dernier. Elles sont ensuite présentées au salon de Valenciennes de 1832. Lors de ces salons du Nord, d'autres esquisses, qui avaient été présentées au concours officiel, furent exposées : en 1831 à Douai le Boissy d'Anglas de Carninade (oeuvre qui avait été présélectionnée au concours) et le Serment de Raverat;en 1833 à Arras, les Mirabeau de Monvoisin et de Serrur (qui avaient tous les deux été présélectionnés au concours);en 1835 à Valenciennes le Boissy d'Anglas de Girard;en 1837 à Douai le Boissy d'Anglas de Schopin (qui avait été présélectionné au concours) et en 1838, à Valenciennes, le Serment de Dubois. Au moment de leur exposition à Valenciennes, les deux tableaux d'Auvray sont appréciés par le critique de L'Echo de la Frontière. Pour le Serment, il met l'accent sur les personnages qui assistent à l'événement historique et apprécie la vérité des têtes des députés. Au contraire, un critique parisien, lors de l'exposition des esquisses présentées au concours, reproche à Auvray de n'avoir montré qu'une petite partie de l'Assemblée et d'avoir fait dominer le groupe du roi [Louis-Philippe et ses deux fils le duc de Chartres et le duc de Nemours] outre mesure. Avec le Boissy on a les mêmes commentaires opposés de la part des critiques de L'Echo de la Frontière et du Journal des artistes (10 avril 1831). Le premier loue les épisodes intéressants comme le sang de la tête coupée qui tombe sur la femme, le chien menaçant... Au contraire, le critique parisien note que, si l'oeuvre d'Auvray présente du mouvement, le tableau n'offre pas d'épisode attachant puis il met l'accent sur la figure de Boissy d'Anglas qui se borne à saluer avec tristesse la tête de Ferraud. Et c'est probablement cette figure, qui a l'air de subir avec impuissance l'événement, qui fit refuser le tableau lors du concours puisqu'il avait été demandé de représenter un Boissy d'Anglas stoïque qui, par sa fermeté, avait mis fin à la révolte populaire. Marie-Claude Chaudonneret
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