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Artiste(s) :
École :
Titre : Barques et estacade
Domaine(s) :
Désignation : tableau
Sujet représenté :
Datation : 1894 vers ; 1897 vers
Techniques : peinture à l'huile, toile
Mesures : Hauteur en cm 40.2 ; Largeur en cm 55.3 ; Hauteur avec cadre en cm 56 ; Largeur avec cadre en cm 71 ; Epaisseur avec cadre en cm 4.5
Historique : Le hasard et l'histoire ont fait que du fonds Boudin de la collection initialement constituée par Olivier Senn ne demeurent aujourd'hui que des peintures très précoces de l'artiste (les études de ciel et les deux natures mortes) et une oeuvre, au contraire très tardive (Barques et estacade). Pourtant on sait qu'Olivier Senn a acheté, indifféremment, des oeuvres de jeunesse, de maturité ou des dernières années de l'artiste (Trouville, marché aux poissons, 1875, Schmit 1049 ; Le Havre, le bassin du commerce, 1878, Schmit 1216 ; Antibes, la baie et le fort, 1893, Schmit 3070). Hélène Senn-Foulds rapporte qu'il était très attaché aux petites études de ciel qu'il avait accrochées, dans son appartement, tout autour d'une oeuvre de Bonnard depuis revendue. L'acquisition qu'il fait, à une date inconnue, de ce paysage des années 1894-1897, ne surprend donc pas. On retrouve, en effet, poussées à un terme extraordinairement hardi, les recherches commencées dès la fin des années 1840 et durant la décennie suivante, sur le thème du ciel et des nuages. A la fin de sa vie, couronné de succès, Boudin s'aventure vers des voies nouvelles, revendiquant de " laisser à [sa] peinture [...] l'aspect de l'esquisse ". Déjà, à l'issue d'une vente importante à l'Hôtel Drouot le 19 avril 1888, Boudin déclarait : " on ne s'attendait pas à me voir sous ce jour nouveau, avec une couleur rajeunie... J'ai déjà envie d'être devant la mer et m'escrimer du pinceau. C'est étonnant comme j'ai progressé d'un certain côté et comme j'ai soif de lumière " (1) ajoutant plus tard " toi et bien des amateurs de province, vous vous habituez à croire que le travail excessif fait la bonne peinture ; je voudrais bien t'ôter cette idée de la tête, si je ne puis l'ôter aux autres. Loin d'y apporter une perfection quelconque, le travail, le " vidoursage ", comme on dit dans les ateliers pour indiquer la peinture peinée, ne fait que la rendre insipide. Je prends ce détour pour en revenir à moi qui fais tout mon possible pour laisser à ma peinture, au contraire de bien d'autres, l'aspect de l'esquisse " (2). Olivier Senn, qui a pu acquérir directement cette oeuvre à Boudin (il a 30 ans en 1894), ne fait pas, en tous cas, partie de ces " amateurs de province ", prudents et conservateurs, attachés à une certaine conception du bon goût. Au contraire, cette Barques et estacade appartient à la série des dernières oeuvres de Boudin et parmi celles-ci à un ensemble plus radical qui nous entraîne vers une certaine forme d'abstraction où, délaissant le sujet, la peinture ne vit que du dynamisme de la touche, des tons et des valeurs. Très proche de toute une série d'oeuvres exécutées à Trouville et Deauville, entre 1894 et 1897, en particulier d'un peinture intitulée Trouville, marée haute (esquisse) (Schmit 3363), Barques et estacade est, elle aussi, peut-être aussi réalisée à Trouville. Toutefois, l'identification formelle du site est difficile. Dans les vues prises à Trouville, Boudin aime à se placer au fond du chenal, face à l'entrée du port de sorte que le paysage est souvent encadré, à gauche et à droite, des deux jetées qu'on ne retrouve pas dans notre oeuvre. Une seule jetée ferme pratiquement tout l'horizon. Il s'agit bien, toutefois, d'un de ces modestes ports de pêche normands. Les petits bateaux de pêcheurs au premier plan en témoignent tout comme le détail de la barque ramenant à quai les pêcheurs. Ce spectacle maintes fois interprété par Boudin est ici prétexte à une composition rapidement enlevée où ciel et mer, peints dans les mêmes tons de bleu, lilas, rose et blanc, se confondent. Seuls les effets des voiles dans l'eau, sortes de hachures étirées en peinture vert bronze, confèrent un rythme horizontal à l'eau calme du bassin en opposition au ciel mouvementé, " pommelé " de nuages. Les voilures, traitées en aplats de couleur, scandent la composition et lient l'espace à la mer. L'ensemble baigne dans une même lumière rosée et transparente. Boudin " saisit le mouve ment des choses en même temps que leur forme et leurs couleurs : le nuage qui monte, l'eau qui miroite, la voile éclatante dans le soleil, la barque qui passe, et il écrit la synthèse des éléments et des êtres en action " . (Annette Haudiquet) (1) Lettre à M.M., 21 avril 1888. Cité par Georges Jean-Aubry, Eugène Boudin, la vie et l'oeuvre d'après les documents inédits, [Paris 1922], Neuchâtel, Ides et Callendes, 1968. p. 108. (2) Lettre à M.M., 11 septembre 1888. Ibid., p. 110.
Conservé à : Le Havre ; musée Malraux
Copyright notice : © collection SENN, Le Havre, musée Malraux, © Direction des musées de France, 2005
Crédits photographiques : © KLEINEFENN

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