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Artiste(s) :
École :
Titre : La Seine à Vétheuil
Domaine(s) :
Désignation : tableau
Sujet représenté :
Datation : 1878
Techniques : peinture à l'huile, toile
Mesures : Hauteur en cm 50.5 ; Largeur en cm 61.5 ; profondeur 2 ; Hauteur avec cadre en cm 72 ; Largeur avec cadre en cm 83 ; Epaisseur avec cadre en cm 6
Historique : Au début de 1877, les vues de la gare Saint Lazare, dont certaines seront exposées à la 3ème exposition impressionniste, figurent parmi les 34 oeuvres achetées par Ernest Hoschedé chez Durand-Ruel. Dès juillet, La faillite de ce mécène - qui lui a commandé en 1876 la décoration du château de Montgeron - va priver Monet (comme Pissarro) de l'aide d'un amateur généreux et précipiter ses difficultés financières. Menacé de saisie par ses créanciers d'Argenteuil, contraint de laisser en gage son grand Déjeuner sur l'herbe peint en 1865-66, il rentre à Paris au début de l'année 1878. Malgré l'aide financière de Manet, après la dernière vente Hoschedé au résultat mitigé, au cours de l'été, il quitte Paris pour Vétheuil. Il s'installe dans une petite maison sur la route de Mantes avec sa famille, Camille et ses deux fils mais également la famille Hoschedé. " J'ai planté ma tente au bord de la Seine à Vétheuil dans un endroit ravissant " (1) Monet se met à peindre avec acharnement pour proposer des toiles à ses plus fidèles soutiens, le docteur Georges de Bellio et Caillebotte qui recherchent pour lui des clients et les emmènent dans l'atelier que Caillebotte loue pour l'artiste rue de Vintimille. On est loin de l'activité suburbaine d'Argenteuil : le train s'arrête à Mantes distante de 12 km. Le panorama découvre la boucle du fleuve parsemé d'îles, bordé de falaises blanches sur la rive droite vers La Roche-Guyon, dominant la plaine de Lavacourt et la forêt de Moisson sur l'autre rive. A l'est, le bourg de Vétheuil implanté depuis des siècles. Du flâneur baudelairien dans Paris au peintre de la modernité à Argenteuil, Monet se retrouve là, face à des paysages ruraux, spectateur solitaire renouant avec les peintures de Barbizon. Les tableaux peints dès son arrivée sont empreints d'une tristesse à laquelle l'inquiétude causée par la santé chancelante de Camille Monet n'est sans doute pas étrangère. Bien que ses rêves de travail et de bonheur laissent peu à peu la place au découragement, il participera en 1879 à la quatrième exposition impressionniste pour, dit-il, ne pas passer pour un lâcheur. A Vétheuil, La Seine sillonnée par les péniches est un axe majeur de commerce fluvial. La série d'îles crée un rideau qui isole le bourg de la navigation. En septembre 1878, Monet va s'attarder sur ce bras de la Seine, vue des berges ou de son bateau-atelier. Ce Petit bras de la Seine à Vétheuil est peint en aval du village, entre les îles de Moisson. La lumière blonde du matin transfigure un début d'automne. La surface du tableau, véritablement vibratoire, est animée d'une touche déjà expérimentée à Argenteuil. Fragmentée dans les frondaisons portées par l'horizon, elle s'étire légèrement dans le reflet symétrique. Le miroir de l'eau inverse, dans un glacis à peine plus transparent, l'animation tranquille d'un ciel d'été finissant. Seules les touches larges et rapides des nuages encore hauts s'amoncèlent, comme une préfiguration des sombres jours à venir. L'exacte silhouette des peupliers se révèle avec plus de précision dans Les Glaçons (musée d'Orsay, Paris. W. 567), oeuvre peinte au cours du terrible hiver de 1879-80 lors de la débâcle de la Seine qui charriait des glaçons disloqués. Elle appartient à une mini série explorant les différentes lumières du jour sous un point de vue légèrement plus élargi que celui de notre toile. Alors que Monet multiplie les points de vue et les cadrages de Vétheuil, les vues de Lavacourt prises de l'autre rive déclinent l'évolution de cet hiver particulièrement rigoureux, qui lui offre les éléments d'une série de 24 tableaux peints en trois mois dont le Soleil d'hiver, Lavacourt du musée Malraux (Legs Charles Auguste Marande. W. I, 557) Ces oeuvres s'articulent autour de la mort de Camille survenue à la fin de l'été 1879, et de la place grandissante d'Alice Hoschedé que Monet épousera en 1892. Charnière également dans la vie du peintre, qui s'éloignant de la mouvance du mouvement impressionniste, pre nd le risque de présenter de nouveau des oeuvres au salon (qu'il a déserté depuis 1870) dont le " sage " Lavacourt (Dallas Museum of Fine Arts. Munger Fund ; Inv. 1938 -4, M. W. I, 578.) qui sera exposé en août 1880 par la Société des Amis des Arts du Havre. Dans ses articles, Zola juge ses oeuvres trop rapidement peintes tout en reconnaissant son talent : " ..avant dix ans, il sera reçu, placé sur la cimaise, récompensé.."(2) . Au moment où Paul Durand-Ruel lui affirme son soutien et supplante Georges Petit, la première exposition particulière consacrée à Monet s'ouvre le 7 juin 1880 dans les locaux de La Vie Moderne, revue fondée par Georges Charpentier. Entre Argenteuil et Giverny, la page de Vétheuil se tourne alors que Monet s'apprête à renouer avec la côte normande et les paysages de sa jeunesse. Michèle Blanchard (1) Lettre de Monet à Murer, " Vétheuil, 1er septembre 78 ", conservée à la Bibliothèque d'Art et d'Archéologie, Paris ; citée par Wildenstein, I, lettre 136 (2) E. Zola, " Le Naturalisme au Salon ", II, III, Le Voltaire, 19 et 21 juin 1880 ; (Wildenstein, I, p. 111, note 836)
Conservé à : Le Havre ; musée Malraux
Copyright notice : © collection SENN, Le Havre, musée Malraux, © Direction des musées de France, 2005
Crédits photographiques : © KLEINEFENN

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Source : Wikipédia