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Artiste(s) : VALLOTTON Félix
École :
Titre : Pont à la romaine à Cagnes
Domaine(s) :
Désignation : tableau
Sujet représenté :
Datation : 1923
Techniques : peinture à l'huile, toile
Mesures : Hauteur avec cadre en cm 89.5 ; Largeur avec cadre en cm 76.5 ; Epaisseur avec cadre en cm 5.5 ; Hauteur en cm 73.5 ; Largeur en cm 60
Historique : Des bords du lac Léman de sa jeunesse aux régions méditerranéennes ou normandes, en Russie, en Italie, souvent dérivatif à ses difficultés existentielles, ou comme alternative à l'animation parisienne, le contact avec la nature nourrit régulièrement l'ouvre de Félix Vallotton, randonneur infatigable. Une première allusion au paysage date de 1887, au moment de ses premières " études ", peintes sur le motif, telles qu'il les nomme dans le Livre de raison. Sur un support de bois ou de carton, voire une toile, ces esquisses fournissent une réserve de matière première pour les paysages élaborés. Elles seront par la suite complétées par des croquis détaillés et annotés très précisément. A partir de1893, ses Baigneuses n'investissent que des paysages imaginaires et les scènes de rue ou de jardins publics prennent les mêmes libertés avec la réalité que ses ouvres graphiques contemporaines. Il attendra 1901 pour proposer au Salon d'automne et au Salon des Indépendants plusieurs peintures importantes de paysages. L'appareil photographique semble avoir accompagné le peintre dans ses promenades. Marina Ducrey n'hésite pas à inscrire certains clichés réalisés à Marseille, à Nice ou sur les bords de Seine, dans le processus d'élaboration de ses ouvres . Selon Rudolf Koella, avec le tournant du siècle, Vallotton renoue avec l'espace et pose dès 1903 les jalons d'une conception du paysage à laquelle il restera fidèle jusqu'à la fin de sa vie. Les notes prises lors de ses promenades suffisent à la " reconstruction " de mémoire dans l'atelier d'une " réalité contemplée, mais sentie, réfléchie " . Les croquis préparatoires à ces " paysages composés " en contiennent déjà les éléments structurels forts et les indications de couleurs numérotées. Après Renoir, Vallotton découvre Cagnes pendant l'hiver 1920-21. Imprégné de l'atmosphère de Honfleur et des bords de Seine, il se dit " désorienté par la lumière ", mais séduit par " ce coin de pays [.] cubiste par essence " , jusqu'à y acheter en 1924 une vieille bergerie à retaper. Il y peindra plus de quatre vingt tableaux. La mauvaise saison le verra régulièrement dans un lieu isolé du Cagnard, vers les hauteurs, d'où le Paysage à Cagnes de 1923, ( Musée d'Art et d'Histoire, Genève, LRZ 1482a) semble avoir été peint. Le regard du peintre condense le bloc des maisons étagées, " dés de pierre grise " dans l'environnement végétal, décourageant toute tentative d'incursion vers l'intérieur clos du village, pourtant source d'expérimentation plastique dans des ouvres telles que Mimosas en fleurs à Cagnes de 1921 (Collection particulière) ou Une rue à Cagnes ( collection privé, LRZ 1372 ) de l'année suivante. Dans Le Livre de Raison, le peintre précise le titre de cette ouvre : " Une rue à Cagnes : à gauche maisons basses éclairées par reflet soleil couchant, à droite, hauts murs d'ombre, une figue de femme au centre " : comme dans un rêve, le temps s'est arrêté, figeant la minuscule ombre chinoise qui hante cet espace resserré, la même que dans notre toile, silhouette penchée au dessus du ravin (" paysage Cagnes. Un pâté de maisons ensoleillées 1er plan ravin et mur dans l'ombre, une figure noire sur le chemin, ciel matin clair " LRZ 1481). La technique de gravure sur bois pratiquée dans les années 91-98 n'est pas étrangère au style épuré d'une image qui contient toutes les données du lieu. Les aplats issus de la période nabie, et manifestes dans le tableau de 1921, sont ici subtilement nuancés, de l'imposant premier plan de l'arche sombre au ciel décoloré. La succession verticale des arêtes de pierre répercute en abîme des rectangles gigognes. Jusqu'à l'échappée vers l'extérieur via le pont, élément structurant de la plupart des paysages de Cagnes. Au quadrillage de la surface, exacerbé par le contraste des zones d'ombre et de lumière, se combine l'emboîtage des volumes dans la profondeur d'un espace courbe dont le rectangle mauve de la montagne est l'ultime plan. Le soleil hivernal projette de longues ombres portées, soutenues par la courbe gris bleu du pont et la ligne de l'arbre reliant premier et second plan. Au graphisme des tuiles répond la surface décorative du mur de pierre. Le réseau lâche des canisses griffe le plan des murs en négatif puis en positif de la gauche vers la droite. Dans une lumière irréelle, blonde et ocre, la flaque d'herbe verte renvoie à la pointe orange vif du toit de l'angle gauche. En 1916, au retour d'un séjour au Andelys, patrie de Poussin ,Vallotton note dans son journal " Je rêve d'une peinture dégagée de tout souci littéral de la nature, je voudrais reconstituer des paysages sur le seul recours de l'émotion qu'ils m'ont causée, quelques grandes lignes évocatrices, un ou deux détails, choisis, sans superstition d'exactitude d'heure ou d'éclairage." . Dans cette Version moderne du " paysage historique " cher à ce maître spirituel, l'artiste livre la somme de toutes les expériences accumulées, maîtrisant la forme et les valeurs dans un espace condensé où la couleur a gagné sa liberté. (Michèle Blanchard)#
Conservé à : Le Havre ; musée Malraux
Copyright notice : © collection SENN, Le Havre, musée Malraux, © Direction des musées de France, 2005
Crédits photographiques : © KLEINEFENN

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Source : Wikipédia