Historique : |
En cette fin du 19e siècle, Adolphe Déchenaud n'a pu échapper à l'orientalisme qui sévissait d'une manière outrancière, même si, antérieurement, ce genre fut magnifié par le génie romantique, puisant lui-même sa force dans le 18e siècle humaniste. Il est vrai que le choix, pour la première fois en 1850, comme sujet du prix de Rome d'un thème orientaliste, n'allait pas, par son académisme, favoriser une invention soutenue, mais bien plus un conservatisme, rendant rapidement le genre détestable. De sorte que le mal sera durable, mêlant des sentiments et des relents d'abominations par le regard porté sur la population orientale, soutenu malheureusement, entre autre, par une approche caricaturale colonialiste. En 1893, le Salon des peintres orientalistes s'inscrit dans la proximité de l'Exposition Universelle, revendiquant ainsi, peut-être, une ultime reconnaissance. Déchenaud peint ce tableau en 1896, donc bien dans la mouvance de cette école, jouant des poncifs de celle-ci en terme de représentations établies. Tout cela se définit par une certaine théâtralité dans le jeu des oppositions contrastées, telles que la blanche Sultane toilettée par la noire servante, comme une " étrange interprétation " du pur et de l'impur. La délicate carnation de la Sultane fait écho à la pâle blancheur des étoffes du lit dans la somptueuse beauté de la lumière, laissant la jeune domestique, à genoux dans un premier plan de servitude, se fondre malgré elle dans l'obscur rideau d'arrière-scène du tableau. JCC
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