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Cette feuille se rapporte à la fameuse composition "La Méridienne" de Millet dont l'état définitif (Moreau-Nélaton, 140) est aujourd'hui perdu et qui représente un paysan et sa femme assoupis à l'ombre d'une meule au moment de la sieste. "La Méridienne", composition qui a particulièrement retenu Van Gogh, devait être le deuxième acte d'une suite illustrant le cycle des "Quatre heures du jour". Scènes rustiques, gravées et publiée par Jacques-Adrien Lavieille en 1860 d'après les dessins de Millet. Ce projet que l'artiste avait entrepris en 1858 comprenait "Le Matin" ("Le Départ pour le travail", Moreau-Nélaton, 141), "Le Midi" ("La Méridienne", Moreau-Nélaton, 140), "Le Soir" ("La Fin de la journée", Moreau-Nélaton, 244) et "La Nuit" ("La Veillée", Moreau-Nélaton, 244). Il montre chez Millet le souci de dresser le catalogue complet des activités humaines dans le milieu rural, en choisissant ici en particulier quatre moments successifs rythmant le travail des champs. Le présent dessin est une étude pour le personnage masculin seul, rapidement installé au fusain dans la page. De nombreux croquis pour "La Méridienne" sont conservés, en particulier au Musée du Louvre ("La Moissonneuse endormie", l'homme et la femme couchés côte à côte au pied d'une meule, Les pieds et les jambes du paysan). Il existe une variante inversée de cette composition au pastel conservée au Museum of Fine Arts de Boston. Le verso de cette feuille est occupé par un dessin qui évoque, dans l'autre sens, le dessin pour "Le Retour des champs" (Moreau-Nélaton, 112, disparu depuis l'exposition Millet chez Brame à Paris en 1938). Il date également de 1858, mais n'a pas de rapport, selon Robert L. Herbert (1971), avec le projet des "Quatre heures du jour". Ce thème du "Retour des champs", pour lequel les volumes sont ici mis en place dans l'espace d'une main hâtive, a préoccupé Millet fort tard, puisque "Le Retour des champs" nommé aussi "L'Etoile du soir" de l'ancienne collection Dollfuss, date de 1873. On pourra sans peine rapprocher ce sujet rustique, le paysan accompagnant sa femme montée sur un âne, des représentations traditionnelles de la Fuite en Egypte. Dans la partie supérieure gauche de cette feuille, figure un bûcheron en train de frapper un arbre de sa cognée. Robert L. Herbert situait ce croqueton plus tôt que le motif principal (vers 1850-1852) et le rapprochait à juste titre du bûcheron se trouvant à l'arrière-plan du tableau conservé au Victoria and Albert Museum de Londres, "Les Scieurs de bois"
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