Historique : |
Ce dessin a la même origine que "Paysage avec lac, ruine et château" (inv. DG 503) et appartient à la même période qui s'acheva, selon Pierre Georgel (1971), en 1840. La technique y est en effet comparable même si les plages de lavis sont ici plus importantes et la composition centrée sur le motif principal de la tour. Daté d'avril 1837, il est dédicacé au peintre Louis Boulanger qui fut très intime avec le poète jusqu'à son exil et qui encouragea sa vocation pour le dessin. De nouveau, des éléments architecturaux, notés sur le vif, sont plus ou moins transposés, puis dépaysés. Leur rapprochement et leur installation dans un paysage fantaisiste, malgré quelques références au monde réel, comme la présence du petit laboureur à droite, suffisent à créer une image poétique. On a longtemps identifié, dans l'édifice gothique représenté au premier plan, la tour Saint-Jacques, à Paris, avant sa restauration. Il est vrai que ce monument est fréquemment cité dans "Notre-Dame de Paris". Pierre Georgel (1971) avait aussi remarqué qu' "un visiteur russe signale, en 1835, une vue de la Tour Saint-Jacques dans le cabinet de Victor Hugo place Royale". De plus, il pensait que Victor Hugo "pourrait se souvenir ici, pour le fond, de la cathédrale de Chartres (vue le 17 juin 1836)". Lors de l'exposition de 1998 ("Shadows of a Hand. The drawings of Victor Hugo", New York, Drawing Center, 1998), les commissaires, au nombre desquels on trouve Pierre Georgel, ont préféré y voir le beffroi de Lière, en Belgique, où Victor Hugo séjourna en 1837, date à laquelle fut très vraisemblablement réalisé ce dessin. C'est d'ailleurs aussi de ce voyage en Belgique que date un autre dessin (Suisse, coll. part.) représentant la tour Saint-Rombault de Malines dont l'architecture fantastique n'est pas sans rappeler celle de la tour figurant dans la feuille dijonnaise. Dans ce dessin plus convaincant que "Paysage avec lac, ruine et château", et où s'affirme déjà le goût du poète pour l'architecture "gothique", Victor Hugo oppose les grandes coulées de lavis un peu incertaines au premier plan et dans le ciel aux griffures des arbres et des éléments architecturaux.
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