Historique : |
Ce petit tableau ne correspond pas à l'image habituellement connue de Veyrassat. L'artiste, élève de Daubigny et qui débuta au Salon en 1848, a été le peintre d'une certaine vie rustique, des passages de gué, des entrées de moisson, des chevaux hâlant les barques le long des rivières, des troupeau d'oies à la lisière des forêts, qu'il a répétés avec quelque monotonie. Au contraire, dans ce paysage représentant les bords de l'Yonne avec la ville d'Auxerre à l'arrière-plan - sans doute vue depuis l'île aujourd'hui disparue du Batardeau - et qui atteste sans doute la venue en Bourgogne de l'artiste en 1865, Veyrassat, délaissant tout effet d' anecdote, s'est attaché à représenter un paysage qui, dans son exécution et sa composition, se souvient de la leçon des Hollandais et des maîtres de Barbizon, notamment Daubigny. S'il s'attache à dépeindre davantage l'atmosphère campagnarde des bords de la rivière que la ville elle-même, on reconnaît toutefois aisément les principaux édifices civils et religieux de la petite cité bourguignonne : au centre, la cathédrale Saint-Etienne avec les maisons accolées à son flanc. A droite, dominant la partie nord de la vieille ville, l'église de l'abbaye Saint-Germain que l'artiste lithographia pour "Les Voyages pittoresques de l'ancienne France" du Baron Taylor, ainsi que le pont Paul Bert. En avant de l'église, on aperçoit la tour Saint-Jean, à gauche, enfin, encadrée par un bouquet d'arbres se reflétant dans les eaux calme de l'Yonne, se profile la silhouette de l'église Saint-Pierre, reconnaissable à sa tour carrée inspirée de celle de la cathédrale. Le format modeste et le caractère d'esquisse de cette peinture qui coincide avec l'avènement du plein-airisme peuvent laisser supposer qu'il s'agit là de l'une de ces innombrables pochades réalisées alors directement dans la nature sur de petits panneaux de bois.
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