Historique : |
Dans les ténèbres d'une caverne, éclairée par la flamme d'une lampe à huile, Marie-Madeleine prie, une main posée sur un crâne, l'autre sur sa poitrine ; ses yeux sont levés vers le ciel, ses cheveux longs tombent sur ses épaules ; elle est vêtue d'une simple chemise et d'un manteau. Devant elle, sont disposés un humérus, un fagot de verges, une cruche et un livre ouvert. (...) Matthieu Pinette Figure exemplaire du catholicisme, image symbolique de la pécheresse repentie, Marie-Madeleine est le fruit de l'association de trois figures placées par les Evangiles non loin du Christ : Marie, une femme de mauvaise vie, qui lave, parfume et sèche de ses cheveux les pieds du Christ lors du repas chez Simon le Pharisien (Luc, VII, 37-50) ; Marie de Béthanie, soeur de Marthe et de Lazare, qui reçoit Jésus dans leur maison (Luc, X, 38-42) et obtient la résurrection de son frère (Jean, XI, 32 ; selon Jean, XII, 3, elle lave également les pieds de Jésus lors du souper de Béthanie) ; Marie de Magdala, la femme guérie par Jésus des démons qui l'habite (Luc, VIII, 2), présente lors de la Crucifixion, de la mise au tombeau, et à qui le Christ apparaît ressuscité, tel un "jardinier" (Marc, XVI, 9). La légende veut que Marie, Marthe et Lazare soient venus jusqu'en Provence, après l'Ascension. Ayant converti une population nombreuse, Marie-Madeleine se serait retirée dans une grotte de la Sainte-Baume (proche d'Aix-en-Provence) durant quelque trente années (ce qui a entraîné une confusion avec Marie l'Egyptienne, la prostituée repentie, recluse dans le désert) ; ses reliques furent finalement transportées, en Bourgogne, à Vézelay. La Contre-Réforme devait accroître la popularité de cette sainte, personnification de la Pénitence. Après sa formation à Anvers, Schendel s'établit comme portraitiste en Hollande (Amsterdam, Rotterdam, La Haye), puis se fixe à partir de 1845-1850 à Bruxelles. L'artiste qui traite ici un thème historique adopte une manière lisse et "porcelainée", avec un puissant clair-obscur qui, comme le soulignent Delenda et Melnotte (1985), reprend la tradition hollandaise ou flamande du XVIIe siècle illustrée, entre autres, par Pieter Cornelisz. van Slingelandt (vers 1625-1630 - 1691) (Paris, musée du Louvre, huile sur toile) et Godfried Schalcken (1643 - 1706) ou Caspard de Crayer (1584 - 1669). Notice de Matthieu Pinette
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