Historique : |
Cette toile passait, lors de son entrée au musée, pour figurer le Portrait du sculpteur Pierre Puget (Marseille, 1620 - Marseille, 1694). Elle a été attribuée successivement à Charles Le Brun (Paris, 1619 - Paris, 1690), puis à Hyacinthe Rigaud. L'oeuvre a ensuite été considérée comme un Portrait du sculpteur François Girardon (Troyes, 1628 - Paris, 1715). Ces identifications sont aujourd'hui totalement abandonnées par les spécialistes qui se sont récemment exprimés sur le tableau (Thierry Bajou et Geneviève Bresc-Bautier, communications écrites, 2000 et 2001). La comparaison de cette toile avec le Portrait de Pierre Puget par son fils François Puget (Toulon, 1651 - Marseille, 1707), et conservé au musée du Louvre , a remis en cause la première interprétation. De même Emmanuel Coquery (communication écrite, 2000), en comparant la toile d'Amiens aux portraits sûrs de Girardon par Jacques (ou Jacob) d'Agar (Paris, 1642 - Copenhague, 1715) et Gabriel Revel (Château-Thierry, 1643 - Dijon, 1712), a justement exprimé ses doutes à reconnaître ici l'effigie du sculpteur. Si la nature du modèle demeure, pour l'instant, incertaine, l'objet qu'il présente doit permettre de mieux cerner sa personnalité. Cette statuette est la réduction du fameux Christ rédempteur, ou Christ à la croix, de Michel-Ange (Caprese, 1475 - Rome, 1564), sculpté en 1518-1520, complété par une draperie de chasteté au XVIIe siècle, et conservé en l'église Santa Maria sopra Minerva à Rome. La petite sculpture représentée ici semble être en plâtre, plutôt qu'en marbre. La découpe nette des abattis (les bras et la croix) suggère, selon Coquery et Bresc-Bautier, qu'il peut s'agir d'un modèle nécessaire pour mouler ou pour fondre. Le portrait pourrait donc être celui de l'auteur de la réduction en bronze de la statuette. Cependant Coquery précise que l'on ne connaît aucune version en bronze réalisée d'après le chef-d'oeuvre de Michel-Ange, sinon par François Dusquenoy (Bruxelles, 1597 - Livourne, 1643), où la croix est remplacée par une colonne. Enfin le porte-mine et la règle posés devant la statuette autorisent aussi, selon Bresc-Bautier, à reconnaître éventuellement ici un dessinateur ou même un écrivain sur l'art désignant ce qui serait alors un petit modèle d'atelier et l'une de ses principales références personnelles. La présence d'un relief, figurant une nymphe portant une urne sur l'épaule, inspiré de Jean Goujon (Normandie ?,1510 - Bologne, vers 1566) dans le fond de la toile vient encore compliquer davantage la question. Traditionnellement considéré comme flamand, l'auteur du tableau est certainement un peintre français pour Coquery, qui n'envisage aucun nom plausible, mais discerne cependant " quelque chose de flamand". Pour Nicolas Sainte-Fare Garnot (communication orale, 2001) le tableau évoque Mathieu (Anvers, vers 1608 - Paris, 1660) ou Nicolas Plattemontagne (Paris, 1631 - Paris, 1706), alors que Thierry Bajou avance avec conviction le nom de Jean-Baptiste de Champaigne, neveu du fameux " peintre de Port-Royal ". Notice de Matthieu Pinette
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