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Bérénice (Racine)
Bérénice est une tragédie en cinq actes (comportant respectivement 5, 5, 4, 8 et 7 scènes) et en vers de Racine représentée pour la première fois le 21 novembre 1670 à l’Hôtel de Bourgogne, avec sa nouvelle vedette Marie Champmeslé dans le rôle-titre. L'épître dédicatoire est adressé à Colbert. Quoique la troupe de Molière ait joué Tite et Bérénice de Corneille juste une semaine plus tard, et que Racine eût pu profiter de la romance avortée entre Louis XIV et Marie Mancini, nièce du cardinal Mazarin (« Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez ! », acte IV, scène 5), la pièce de Racine, futur historiographe du roi, est entièrement différente de celle de Corneille. Cette tragédie est en effet une réplique de la monarchie absolue en France. Occupé pour l'État, le roi Louis XIV ayant déjà 31 ans y devint héros, grâce à ceux que Titus et Paulin révéraient. Il s'agit de l'obligation des souverains, en dépit de la passion. Finalement, c'est Bérénice qui rappela et confirma non seulement les devoirs de deux princes mais aussi, vraisemblablement, le sien. Certes, depuis le XVIII siècle, on disait parfois que ce serait Henriette d'Angleterre qui aurait demandé aux deux auteurs de préparer cette pièce simultanément. Cependant, ce concours hypothétique fut complètement combattu en 1907 par Gustave Michaut, puis, 50 ans plus tard, par Raymond Picard. De nos jours, c'est Georges Forestier qui précise encore ses raisons. Alors que Tite et Bérénice ne prit que trois représentations, les spectateurs parisiens revenaient pleurer à Bérénice de Racine. En commandant une représentation devant la Cour, le Roi Soleil lui-même exprima sa préférence . Lorsque, par ordonnance du roi, la Comédie-Française eut été fondée en 1680, c'était Bérénice qui fut choisie, après la première représentation honorable du 23 août, Phèdre. Le 23 octobre, cette nouvelle troupe royale commença à jouer Bérénice, de nouveau avec Marie Champmeslé. Suétone avait raconté l’histoire de l’empereur romain et de la reine de Palestine : parce que Rome s’opposait à leur mariage, Titus dut renvoyer Bérénice chez elle, inuitus inuitam (malgré lui, malgré elle). Racine élève la liaison sans doute assez banale d’un Romain et de sa maîtresse au niveau d’un amour absolu et tragique. Bérénice est longtemps restée dans un purgatoire dont elle n’est ressortie qu’à la fin du XIX siècle. En 1893, selon une forte volonté de Julia Bartet, un des modèles de la Berma de Marcel Proust, la Comédie-Française reprit cette pièce, mise en scène par Mounet-Sully, et eut le vent en poupe ina. fr. Aujourd’hui, c’est l’une des tragédies de Racine les plus jouées après Phèdre, Andromaque et Britannicus.