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Eugène Castelnau
Eugène Castelnau, peintre Montpelliérain du XIX siècle, est issu d'une des plus grandes familles protestantes de Montpellier. Les Castelnau sont fort probablement établis à Montpellier au XVIe siècle et sont propriétaires au XVIIe dans le terroir de Mudaison (Hérault). Eugène présente très tôt des dispositions pour le dessin. Dès l'âge de 11 ans, il suit des cours à l'école des Beaux Arts de Montpellier. A 14 ans, il quitte la ville natale pour la Suisse où il sera écolier. La campagne suisse, célébrée par Rousseau, a certainement séduit cet adolescent sensible et déjà initié à l'art. Plus tard, à 23 ans, il choisit d'étudier à Paris dans deux ateliers suisses: celui de Calame et celui de Gleyre. Gleyre a formé plus de 500 élèves, il est très aimé de ceux qui l'approchent. Il conseillera plus tard à son jeune cousin Frédéric Bazille d'entrer dans son atelier. En 1853, il se rend en Italie. Longtemps ce voyage a semblé indispensable à la formation des peintres. Les français perdent la tradition au XIXe siècle. Nombre d'artistes, dont Delacroix, ne vont pas à Rome, et pas davantage les réalistes gravitant autour de Courbet. C'est peut-être sous l'influence d'Ernest Hébert, rencontré à Paris, que Castelnau souhaite avoir la leçon de l'Italie. En compagnie d'Imer et du célèbre peintre Ernest Hébert il va sillonner pendant quatre mois la campagne de Rome et la baie de Naples. Par chance, Imer a noté jour après jour les moindres détails du voyage. Peladan, biographe d'Hébert, a retranscrit ces notes. Du 24 septembre au 5 octobre 1853, les trois amis restent à Rome. Sous la conduite d'Hébert ils visitent la galerie Borghèse, le palais Doria, les églises, et tout ce qui contient tableaux, fresques, mosaïques, sculptures. La campagne romaine les séduit aussi fortement: "... On part pour la vallée d'Egérie... le travail se prolonge jusqu'à la nuit. On revient silencieux, pénétrés de froid et de respect pour la nature". Le 6 octobre, ils sont en route pour Naples et font escale à Ceprano et San Germano. Castelnau en rapportera de très beaux dessins. Lors de ce voyage le peintre paraît alors joyeux, sensible et plein d'humour. C'est peut-être le fait de se trouver en Italie, la fougue de la jeunesse, la companie de ses deux amis. Pourtant les notes de son carnet, l'autoportrait qu'il nous laisse, la mémoire familiale, nous montrent au contraire un personnage sérieux, mélancolique et secret. De retour en France, Castelnau épouse Marie Blouquier et de cette union naîtront quatre enfants. Dès le lendemain du mariage, Castelnau et son épouse repartent en Italie. A Rome, Castelnau apprend la réception de son premier tableau, "Les marais pontins", à l' exposition universelle de 1855. De 1857à 1866, les jours s'écoulent entre Montpellier, Lassalle (Gard), Saint Michel et Le Castellet près de Lunel. Là s'achèvent les plus belles années de la vie du peintre. À partir de 1867, de nombreux décès ponctuent son existence. Son épouse, tendrement aimée, meurt à l'âge de 33 ans, il en restera blessé et inconsolable. En 1869 son père, puis en 1877 son frère Albert (député de l'Hérault) décèdent à leur tour. À partir des années 1870, Castelnau va jouer un rôle important dans la vie politique et artistique de Montpellier. Il est adjoint au maire de septembre 1870 à avril 1871. En 1873, il est appelé à la présidence de la Société Artistique de l'Hérault. Le but de ces sociétés artistiques, réparties dans les provinces de France, est de permettre le développement des beaux-arts, et d'assurer des expositions et des achats. Elles se composent de membres fondateurs et de membres libres versant une cotisation. La plupart des expositions appellent le concours des artistes parisiens. Les plus illustres ne dédaignent pas de fournir leur contribution. Rosenthal explique: "L'importance de ce mouvement provincialiste ne doit pas être méconnu, il contribue à répandre le goût et favorise l'essor des vocations, mais aussi sur l'orientation de l'art même, une influence marquée". Grâce à son dévouement, à son intelligence, et à son humilité, Eugène Castelnau acquiert à Montpellier une certaine notoriété qu'il n' a jamais recherchée, préférant, tout en restant disponible pour les autres et la chose publique, consacrer son temps à sa vocation, la peinture. Préservé, il est vrai, des soucis matériels, trop attaché à son univers familial et provincial, Eugène Castelnau restera solitaire, méprisera les recettes du succès et toute son oeuvre, restée en quasi totalité dans sa famille, gagnera en authenticité, mais de ce fait, sera privée de certaines confrontations stimulantes qui auraient favorisé, sans doute, une plus grande reconnaissance de sa peinture.