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Auteur dont le pinceau s'est consacré presque exclusivement au portrait et à la figure de fantaisie, Grimou incarne parfaitement ces "petits maîtres" du XVIIIe siècle, trop souvent négligés et méconnus mais dont le talent singulier, masqué par une carrière modeste, est pourtant parfaitement révélateur de l'esprit d'une époque, en l'occurence la fin du règne de Louis XIV et la Régence. Dans nombre de ses tableaux, Grimou, à l'instar d'autres artistes du XVIIIe siècle (on songe bien sûr à Fragonard) se montre volontiers sensible à l'art de Rembrandt (1609-1669) et de ses suiveurs, dont les tableaux étaient facilement accessibles dans les collections parisiennes et françaises de l'époque. Dans cette effigie, qui semble davantage correspondre à une tête d'expression, installant un type générique et idéalisé de jeune fille, qu'à un véritable portrait, l'artiste fait émerger d'un fond ténébreux l'ovale suave du visage juvénile d'une enfant dont la tête est coiffée d'un béret et qui porte des boucles d'oreilles. Le buste, couvert d'un sombre vêtement, se détache à peine du fond. Dominique Jacquot (com. écrite,1999), qui rappelle l'existence d'une réplique de cette toile au musée de Nîmes et signale une autre version, de qualité moyenne (commerce d'art, Rome, 1992), insiste sur le succès de celle-ci. Si cet effet de clair-obscur, spectaculairement poétique, souligne l'influence du grand maître hollandais, la touche très lisse, les transparences et les glacis, tout comme l'esprit qui se dégage des traits du modèle, une sage et candide fillette, nous emmènent bien loin des austères méditations rembranesques pour nous mener plutôt, dans une démarche plus anecdotique, vers les charmes doucement espiègles de l'enfance dont la célébration connaît un fort engouement au XVIIIème siècle. Notice de Matthieu Pinette
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