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Hérésie
Une hérésie (du grec αἵρεσις / haíresis, choix, préférence pour une doctrine) désigne généralement une doctrine ou une opinion religieuse erronée. Si dans l’Antiquité on n’attachait pas de valeur péjorative à ce terme, celle-ci devint marquée au moment de la définition progressive des dogmes chrétiens, au cours des premiers siècles de notre ère. Auparavant, le mot hérésie pouvait désigner une école de pensée : le jardin d’Épicure était une telle haíresis. Dans le contexte antique, la religion étant plus rituelle que dogmatique, l’haíresis n’a pas l’aspect dramatique que revêtira l’hérésie chrétienne. En effet, l’Antiquité polythéiste sépare le mythe de la philosophie. Le monothéisme introduit la théologie, l’étude rationnelle du divin, qui englobe et transcende ces deux domaines. La théologie permet d’édicter des vérités objectives sur Dieu, les dogmes. Toutefois, ces dogmes ne revêtent pas la même importance dans toutes les religions, ce qui explique différentes attitudes par rapport à l’hérésie. Pour les juifs, l’appartenance au Peuple élu prime sur toute conception théologique, ce qui permet l’existence de sectes aux dogmes et aux pratiques différentes, mais appartenant toujours à l’héritage judaïque. Pour les chrétiens catholiques, l’Église est le corps vivant du Christ. L’unité dogmatique est donc fondamentale. Toute hérésie étant une atteinte à cette unité, elle est une blessure infligée au corps du Christ, donc un sacrilège. Dans l'Antiquité chrétienne, l'association de certaines de ces doctrines au pouvoir politique (après Constantin I par exemple) va donner également une importance temporelle à ces questions. Pour les chrétiens protestants et orthodoxes, l’Église est le corps vivant spirituel du Christ. L’unité spirituelle est fondée sur la reconnaissance du Christ comme Dieu et Seigneur. Chaque église correspond à une partie différente de ce corps spirituel. Donc la division en d'autres dogmes et pratiques ne correspond pas forcément à la définition d'un hérésie. Pour les chrétiens protestants et orthodoxes l'hérésie est la doctrine qui nie la divinité de Christ ou son pouvoir à accorder le salut. Pour les musulmans, il n'existe pas de dogme qui ne soit explicitement contenu dans le Coran, issu des paroles d'Allah, dictées à Gabriel qui les révéla à Mahomet. En tout état de cause, l’islam sunnite n’ayant pas de clergé, aucune autorité n’a compétence pour décider de la validité d’une interprétation particulière du Livre saint. Dans un contexte chrétien, et par analogie dans d'autres contextes, l'hérésie qualifie une situation complexe de conflit et de rupture, qui superpose généralement l'hérésie proprement dite et le schisme . L'hérésie naît d'une divergence entre écoles sur ce qu'est la vérité (formulée par le dogme). Elle se développe à la fois sur le plan intellectuel, par l'opposition irréductible des thèses, et sur le plan communautaire, par l'impossibilité pratique de "vivre en frères" avec les tenants de l'autre école. Enfin, elle s'achève par une situation de rupture sociale paradoxale : de part et d'autre, on reconnaît que la communion entre les parties antagonistes est impossible en pratique, mais resterait nécessaire. La foi étant nécessaire au salut, l'orthodoxie est capitale et l'hétérodoxie fait risquer les peines infernales. L'hérésie est le drame des frères ennemis, à la fois frères et ennemis, chacun revendiquant l'héritage authentique du Père. En ceci elle se distingue radicalement des conflits inter-religieux.